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Publié le 8 juillet 2011

L’intégration réussie de Flavien, enfant trisomique

30 janvier 2001 – 24 Heures – Rémy-Pierre Berra

Le Mont s/Lausanne. Une caméra à l’école

Première projection, vendredi, du documentaire Flavien aux Planches! Cette oeuvre de Richard Morgan tournée en 1997-98 raconte la première année de scolarité enfantine d’un enfant handicapé du Mont.

« J’ai rencontré les parents de Flavien un vendredi. Le lundi suivant, je commençais à tourner. Je les ai trouvés courageux. Ils n’avaient jamais vu mon travail. Et pourtant ils m’ont fait confiance tout de suite. » De son premier contact avec Sophie et Patrick Mattenberger, Richard Morgan garde un bon souvenir. Entre les parents du petit Flavien et le cinéaste, les choses ont d’emblée bien fonctionné. Et pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance. Filmer la première année scolaire d’un petit trisomique ne s’improvise pas. Sans une sensibilité certaine, rien n’aurait été possible. Vendredi soir, à l’aula du collège du Mottier, le public découvrira un long métrage abouti. Premier jour d’école, arrivée des grands le lendemain, jours de piscine, fête de Noël… Pendant toute l’année scolaire 1997-98, au gré des saisons, Richard Morgan a fixé les événements importants de la petite classe des Planches. Participant privilégié, il était de toutes les sorties et de tous les moments forts. Ce témoignage sociologique décrit le vécu d’un groupe évoluant avec quelqu’un de différent. Rien n’a été gommé. Ni les rires, ni les larmes. Vif de nature, Flavien est souvent turbulent et devient parfois agressif. Richard Morgan montre tout sans détours. Mais avec beaucoup de tendresse. Plusieurs interventions enrichissent son film et lui confèrent une valeur de document. Celles de la famille, bien sûr. Mais aussi celles de Brigitte Morgan, épouse du cinéaste et maîtresse de Flavien, qui commente les progrès de l’enfant tout au long de l’année. On entendra aussi les propos du directeur des Ecoles Daniel Robert, et ceux des enseignants de piscine et de rythmique. Christiane Bauer-Lasserre, du Service de l’enseignement spécialisé, a suivi Flavien dès sa naissance. Elle s’exprime aussi. Enfin, l’experte française Monique Cuilleret apporte son concours scientifique à l’entreprise. Cette chercheuse dans le domaine de la trisomie suit Flavien depuis l’âge de 18 mois. Quel regard la famille porte sur ce travail? « Richard a montré notre fils comme un être humain, répond la maman Sophie Mattenberger. Il aborde la trisomie, bien sûr. Mais sans étiquette indélébile. En ce sens, il a un regard sain. » La famille Mattenberger a toujours revendiqué une intégration maximale pour Flavien. « C’est notre système d’adultes qui exclut ces enfants. Entre eux, les gosses n’ont pas cette retenue. »

Interview express de Richard Morgan, réalisateur du film Flavien aux Planches.

Photographe, réalisateur, professeur de littérature anglaise et américaine, metteur en scène… Richard Morgan a la création et la pédagogie dans le sang. En apprenant que son épouse Brigitte recevrait un enfant trisomique dans sa classe enfantine, il était normal que sa curiosité soit titillée. Le résultat est à la mesure du défi. Sans sombrer dans la démonstration scientifique, et dans un respect total des intervenants, son film offre une vision complète du processus d’intégration vécu par Flavien. L’auteur a su s’effacer pour donner la parole aux enfants de la classe, aux enseignants et aux spécialistes. Dans le cadre magique d’une petite classe perdue dans la campagne vaudoise. Cette fenêtre poétique ouverte sur la vie permet de respirer au gré des fêtes et des saisons. Le message passe.

– Quelle a été la motivation de départ?

– J’entrevoyais des possibilités d’interactions intéressantes entre les enfants et Flavien. Je voulais observer les réactions des uns et des autres. Elles ont beaucoup évolué dans le temps. Après trois semaines, Flavien faisait figure de mouton noir. Mais à la fin de l’année scolaire, l’acceptation des autres enfants était remarquable. Pour eux, ça a été une formidable expérience.

– Cette expérience vous a-t-elle changé?

– J’avais déjà eu l’occasion, dans le cadre de ma formation, d’observer une classe enfantine. L’expérience m’avait enthousiasmé. Une certaine partie de moi-même était donc très contente de retrouver ce monde et de l’explorer. Devenir l’assistant de ma femme m’a permis d’aller plus loin. Avant ce tournage, les enfants ne m’intéressaient pas vraiment. Je ne savais pas comment me comporter en leur présence, alors qu’il suffit d’être soi-même. Aujourd’hui, je me sens plus proche à l’idée d’en avoir.

R.-P. Ba

Copyright 1997-98 © Edipresse Suisse S.A.

 


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